9 novembre 2012

1625 : Rome s'inquiète des Protestants du Languedoc et des Cévennes. Récit d'un voyage sans pittoresque.

François VERON: Voyage missionnaire en Languedoc et Cévennes en 1625
            Voici une petite brochure imprimée à Rome en 1625 par Lodovico Grignani. Elle a 8 pages, et est en fait un abrégé (orienté) d'un texte de 32 pages publié la même année à Paris sous le titre : Relation du voyage au Languedoc du P. Véron envoyé du Roy pour la réduction des dévoyés, ou combats victorieux pour la religion catholique contre les ministres de Nismes, Montpelier, Béziers, Alès. 
Breve relatione del viaggio del P. Verone in Languedoc e nelle Sevenes

          Son auteur n'est pas n'importe qui!
          François Véron a 50 ans. Il est devenu jésuite en 1595, à 20 ans. A cette époque, la Ligue venait de perdre la guerre contre Henri IV qui préparait l'Edit de Nantes de 1598. La guerre prenait une autre forme, l'heure était au polémistes. Véron serait donc "le" polémiste des jésuites. En 1620, la situation politique change. Le duc de Luynes, favori plutôt accommodant avec les Protestants, est remplacé auprès de Louis XIII par Richelieu, beaucoup plus belliciste. Montpellier sera assiégé en 1622, La Rochelle prise en 1628. La Paix d'Alès de 1629 organise couci-couça une paix précaire.
          Le fait est qu'à partir de 1620, le roi ferraille contre les Protestants : François Véron quitte donc les jésuites, et devient Prédicateur du roi pour la polémique et parcours la France. En 1638, il prend une semi- retraite en devenant curé de Charenton, une des places fortes du protestantisme.
          Il est l'auteur d'une centaine de publications, dont un Abrégé de l'art et méthode nouvelle de bailloner les ministres de France... qui est justement (ce n'est bien sûr pas un hasard) reédité à Montpellier cette même année 1625. Ce manuel du polémiste du P. Véron est connu à l'époque sous le nom de Véronique (si, si, comme la passe des toreros). 
          L'étonnant c'est pourtant que cette brochure soit traduite en italien et imprimée à Rome.
          Quel improbable lecteur de ce blog saura me dire si, avant la Guerre des Camisards (1702-1710 dates larges) on a publié à Rome d'autres textes sur les Cévennes?

Breve / relatione / del viaggio del P. Verone/ in Languedoc, & nelle Sevenes, man / datovi dal Rè Christianissimo per / la conversione de gli heretici.
Conferenze con ministri.
Conversione alla fede Cattolica delli baroni del Pouget, / Vendemian, &c. e d'altre persone principali, e altre / utilità di questo viaggio.
La Congregatione de Missionari, ò della Propagatione de la / Fede, fondata da i Stati generali di Languedoc; e propo / sitione di instituire una generale per tutta la Francia.
A l'Illustrissimo Cardinale Barbarino, nepote di Sua / Santità, Legato apostolico in Francia.
Per Francesco Verone, Predicatore del Rè per / le controverse, e dottore in teologia.
Ce qui se traduit en
Brève relation du voyage du P. Véron en Languedoc et dans les Cévennes, envoyé par le Roi très-chrétien pour la conversion des hérétiques. / Conférences avec des ministres [protestants] / Conversion à la foi catholique des barons du Pouget, Vendémian etc, et d'autres personnes principales et autres utilités de ce voyage. / La Congrégation des Missionnaires, ou de la Propagation de la foi, fondée par les Etats généraux de Languedoc, et proposition d'en instituer une générale pour toute la France. 

            Ce qui frappe à la lecture du texte, c'est son absence absolue de couleur locale. Aucun pittoresque, aucune anecdote, rien. La scène se passe n'importe où... 
Seuls quelques personnages émergent, ministres protestants en tête : 
Ministres protestants du Languedoc et des Cévennes combattus par François Véron en 1625
          Il y a là Jean Bansillon d'Aigues-Mortes, Jean Faucher de Nîmes, Jean de Croy de Béziers, Michel Le Faucheur, Daniel Pérols, Védrines et Delard de Montpellier, Courant et Desmarets d'Alès, Léonard Second de Vendémian (et Cournonterral), La Faye de Gignac, Chauve de Sommières et Hospitalis de Montagnac. Tout un synode! 

          Mais en l'absence totale de pittoresque, il nous reste quelques perles à ramasser sur les pas de Véron : 

            Ritornando carico di ricche spoglie de' nemici ... (Revenant chargé des riches dépouilles des ennemis de l'Eglise catholique)  : le premier mot est un cri de victoire. 
            Una conversione generale che si potria securamente sperare frà pochi anni de tutti gli heretici di Francia... (Une conversion générale qu'on peut surement espérer d'ici quelques années de tous les hérétiques de France...) : Cette conversion générale est le but exclusif recherché par les deux religions en présence. Pour les Protestants comme pour les Catholiques, il s'agit bel et bien de faire disparaître l'autre, de le tuer. Un roi, une loi, une foi : l'adage a été mis en oeuvre par les Protestants en Angleterre et dans les états d'Allemagne, par les Catholiques en Espagne et Italie. La France, elle, balance toujours. Bien sûr, les Catholiques ont une longueur d'avance. Mais l'Edit de Nantes tolère le bi-partisme religieux, et Henri IV, roi de droit, a dû se convertir pour devenir roi de fait. En le révocant, Louis XIV fera un pas de clerc qui relancera les guerres.
Méthode de conversion des Protestants
           Pericolosi e vari sono stati i combattimenti.  Il y a deux traductions possibles : à vaincre sans péril on triomphe sans gloire, mais aussi : tout danger mérite salaire

           Quanto al politico, attaccai in Alès capitale delle Sevenne, Montpelier, Beziers, Aigues-Mortes, Gignac, e per tutto la Provincia, i pastori d'errore nel mezzo de i loro Tempi, in presenza di tutti i loro seguaci... (Quant au politique, j'attaquais à Alès en Cévennes, Montpelier, Béziers, Aigues-Mortes, Gignac et par toute la province, les pasteurs d'erreur au milieu de leurs temples, en présence de tous leurs fidèles...)
           Notons d'abord deux orthographes précieuses. Véron écrit Alès et non Alais. Il écrit aussi Montpelier, qui se prononce Montpeulier, et non Montpellier qui se prononcerait Montpélier. Il témoigne ainsi de la prononciation locale, qui a perduré, malgré 'orthographe jusqu'à aujourd'hui. 
           Cette parenthèse fermée, il reste à imaginer Véron au milieu du temple protestant défiant le ministre et ses ouailles. 

           Stava qualche volta attentissimo il popolo à questo sfido; altre volte mormorava : à quanti pericoli mi sono esposto! (Le peuple était quelques fois très attentif à ce défi; d'autres fois il murmurait : à quels dangers ne me suis-je pas exposé!). Là aussi on voit très bien la scène. 

           ... Rifiutando la predica del loro ministro, in un Teatro, che io faceva drizzare alla porta dei tempi, mentre ch'il falso pastore faceva la sua buggiarda predica. (... réfutant le prêche du ministre, sur un theâtre que je faisais dresser à la porte du temple, pendant que le faux pasteur faisait son abominable prédication). Voici donc l'apparition du théâtre! Comme tous les Jésuites, Véron adore et utilise le théâtre. Les trétaux sont dressés sur la place du village.

          Predicavo in questo Teatro due hore, più meno (Je prêchais sur ce théâtre environ deux heures).

           I ministri... havevano falsificato la Scittura sacra, mutando, scancellando, aggiongendo... E dimostrava questo per l'oppositione di 12 Bibie, ò mutate, ò falsificate in diversi anni, prese dalle mani degli Hugonotti dei luoghi ove predicava (Les ministres avaient falsifié l'Ecriture sainte, changeant, effaçant, ajoutant... Et je démontrais cela par l'opposition de 12 Bibles, ou modifiées ou falsifiées au cours des ans, prises entre les mains des Huguenots des lieux où je prêchais.) Spectacle de camelot de foire : Véron demande leurs Bibles aux réformés qui sortent du prêche. On le voit ensuite littéralement jongler avec elles. Du grand art! 
Conversion massive des Protestants ou vantardise du Missionnaire?
          Oltre questi esserciti, e sfidi così publici, feci spargere per tutta la Provincia doi ò tre mila di questi cartelli di sfido, o thesi, e mandai un messaggero in tutte le città, e luoghi principali, per significare à tutti i ministri, in particolare per atto publico di notaro, in presenza di buon numero di Cattolici & heretici lo sfido mio... (Outre ces exercices et défis ainsi publics, je fis distribuer dans toute la province deux ou trois mille cartels de défi, ou thèses, et j'envoyais un messager dans toutes les villes et lieux principaux, pour signifier non défi à tous les ministres en particulier par acte public de notaire, en présence d'un grand nombre de Catholiques et d'hérétiques ...) Texte précieux qui rassemble tous les éléments en une phrase. D'abord, le rôle de l'imprimé (qu'on aimerait tant avoir, mais qui les aurait conservés?) : 2 ou 3000 cartels de défi distribués comme des tracts, ça doit faire sensation. Ensuite l'usage de l'acte notarié, le sacro-saint témoin de l'époque. Enfin, la nécessité de la foule, Catholiques et hérétiques mélés.

          La più numerosa parte de' ministri se n'è fuggita con gran vergogna (la plus grande partie des ministres s'est enfuie avec grande honte). En fait, les synodes protestants, conscients que les Catholiques avaient des possibilités d'édition très supérieure aux leurs, conseillent très souvent aux ministres de refuser ces joutes oratoires, dont la seule version orthodoxe risque d'être publiée. 

          ... per lo spatio di nove mesi in Languedoc e nelle Sevenes (durant l'espace de neuf mois en Languedoc et dans les Cévennes). Pendant 9 mois, dans cet espace limité au Gard et à l'est de l'Hérault, Véron n'a pas du passer inaperçu! 

          Molte migliaia hanno conceputo grandi dubbi della loro fede, e inchinano molto à ritornare alla Chiesa santa (Plusieurs milliers (de Protestants) ont conçu de grands doutes sur leur foi, et inclinent fortement à retourner au sein de la sainte Eglise). Il est vrai que durant les années 1620-1680, les effectifs protestants diminuent en France. Mais il faudra attendre (!) 1685 pour voir des "conversions" (!) par milliers.

           Tre altri baroni... alcuni Maestri de Compti in Montpelier... quasi tutti gli offitiali regi di questa camera... quaranta famiglie in Nismes... vinti ministri... (Trois autres barons... quelques Maîtres de la Cour des Comptes de Montpellier... presque tous les officiers royaux de cette Chambre... quarante familles de Nîmes... vingt ministres... [se sont convertis]). Y avait-il des ratons-laveurs à cette époque dans le sud de France? 

            Vinti ministri sono risoluti di abjurare l'heresia, pure che si dia loro qualche pensione (Vingt ministres sont résolus à abjurer l'hérésie, pour peu qu'on leur donne quelque pension). Ce moyen de conversion a été très largement utilisé au XVIIe, et avec succès! 
Une Congrégation pour la Propagation de la Foi en France ?
           Le reste du texte réclame la fondation d'une Congrégation française de la Propagation de la foi, avec, bien sûr, ses supérieurs et son financement. 
           On parie que Véron est candidat!
           Il existe un exemplaire de cette brochure à la BNF.

3 novembre 2012

LE DEVOIR DU PEUPLE EST D'OBEIR ! CHAPTAL et son CATECHISME DES BONS PATRIOTES , Montpellier, 1790 :


Catéchisme des bons patriotes de Chaptal. 1790

Voici un livre qui n'est pas inconnu : 3 exemplaires sont recensés dans des bibliothèques publiques : Paris, Avignon et Montpellier.
C'est le
CATECHISME A L'USAGE DES BONS PATRIOTES,
par M. J.-A. CHAPTAL, Président du Club des Amis de la Constitution et de l'égalité de Montpellier.
Publié à Montpellier, chez Tournel, imprimeur du Club, M.DCC.XC.

Entre le titre et l'adresse, une devise, qui sera reprise en bandeau au début du texte :
LA NATION,
LA LOI
ET LE ROI.
Il s'agit d'une brochure in 12° de 90 pages, dont les cahiers B et D sont imprimés sur papier bleuté. 
Chaptal professeur de chimie à Montpellier

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En 1790, Jean-Antoine CHAPTAL est un jeune prodige (il est né en 1756). Docteur de la Faculté de médecine de Montpellier depuis 1777, sa réputation de chimiste est si bien établie à Paris que, pour l'attirer à Montpellier, les Etats de Languedoc créent pour lui en 1781 (il a 25 ans) une chaire de chimie à Montpellier.
Ses études de chimie appliquée à l'agriculture, et surtout à la viticulture et à l'œnologie l'amènent à proposer le sucrage des moûts, qui s'appelle désormais chaptalisation.
Anobli par Louis XVI en 1787, il sera aussi ministre de l'Intérieur sous le Consulat, sénateur et comte de Chanteloup sous l'Empire, pair de France, titre conservé sous la Restauration.
Industriel, il crée à Montpellier une des usines chimiques les plus importantes du Sud de la France.
En  mai 1790, il participe à la prise de la Citadelle de Montpellier, et crée la Société des Amis de la Constitution (sa noblesse ne date que de 3 ans). En 1793, il est arrêté à Paris pour fédéralisme, mais relâché aussitôt : c'est lui qui dirige la fabrication des poudres et salpêtre. Il est même nommé professeur à l'Ecole Polytechnique.
Georges Washington, son ami, le réclame plusieurs fois aux Etats-Unis. Il n'ira pas. Il meurt en 1832.
Qu'est-ce que Dieu?

Cet opuscule est le début de sa carrière politique. Sa faible diffusion, locale, est sans doute destinée à le faire élire administrateur de l'Hérault (objectif atteint en 1794).
Ce Catéchisme est une suite de questions-réponses.
La première, comme il se doit, est :
Qu'est-ce que Dieu?
Réponse : Dieu est le premier et le Souverain des êtres. Il a créé le ciel, la terre et tout ce qui existe dans cet Univers.
 La seconde question nous apprend que Dieu possède la toute puissance et la souveraine bonté.
Qu'il s'en contente et s'en réjouisse, c'est tout ce qu'on lui concède : Spinoza est passé par là, on n'entendra plus jamais parler de Dieu dans ce catéchisme.
Tout le reste du Catéchisme est un mélange de projet de Constitution et de traité d'économie politique, fortement influencé par les thèses agronomistes.
Voici quelques extraits des passages les plus riches et les plus savoureux :
La reproduction est une des fins de l'homme : "Le plaisir attaché à cette fonction, dans toutes les classes d'individus, invite  tous les êtres à se reproduire (p.11).
Pays et coutumes : Les hommes qui habitent ce globe sont tous frères… Ils ne devroient donc faire qu'une grande société : mais la différence des climats apporte des modifications infinies dans le physique et le moral des individus. On a donc établi des sections qu'on a appelées ETATS.. (p. 14).
Les lois doivent varier selon le temps, les circonstances, les lieux (p. 15).
Révolution industrielle et Révolution politique : Le peu de prospérité de la France pendant les siècles qui nous ont précédé  est due au peu d'harmonie qui a régné entre les divers membres de l'Etat  (Clergé, noblesse et roture d'une part, industrie,  agriculture et commerce d'autre part)  (p. 17).
Deux cent familles qui entouroient le trône s'emparaient de tout l'or, de tous les emplois, de toutes les grâces (p. 18).
On nomme des citoyens recommandables par leurs talens et leurs vertus… C'est cette élite de citoyens qui constitue l'ASSEMBLEE NATIONALE (p. 23).
Le despotisme le plus odieux : Chaptal
Chaptal ne refuse pas d'entrer dans les petits détails :
Les livrées domestiques :
Demande : Mais du moins, un seigneur étoit bien libre de marquer ses serviteurs par sa livrée ?
R : Lorsque les terres n'étoient cultivées que par des serfs, les seigneurs leur attachoient le sceau de l'esclavage, en les marquant à leurs armes. Mais du moment que l'homme a été déclaré libre, il n'est plus permis de le flétrir en lui imposant les marques de la servitude (p. 25).
Il abolit aussi les droits de chasse et de pêche du seigneur : Ces animaux appartiennent à l'homme… Bien sûr, Si tout le monde peut chasser et pêcher..; Il est très vrai que le gibier disparoîtra de nos plaines … (mais) les bois, les montagnes en conserveront toujours… si on réprime le braconnage ! J'exclus la pêche par le poison (p. 28)
Biens du clergé : Lorsque la société a des besoins, elle peut et elle doit disposer des biens des individus qui la composent. Plus loin, à propos des propriétaires fonciers ou des industriels, Chaptal dira le contraire, leurs propriétés étant sous la sauvegarde de la Nation… Il est vrai qu'ici, il emploie un syllogisme assez sommaire : Ces biens ont été donnés à l'Eglise. La réunion des Français forme l'Eglise. Donc…!
Ainsi dégagés des soins des biens temporels, les ecclésiastiques auront plus de temps pour remplir leur vrai mission d'éducation et d'exemplarité. Il y a là un certain cynisme.
Pour la désignation des ecclésiastiques, le peuple rechercher les bonnes mœurs et surtout la tolérance, qui s'accorde si bien avec l'évangile (sans majuscule),  la raison et l'humanité (p. 32).
Savant et matérialiste (il est aussi franc-maçon), Chaptal définit ainsi le rôle des ecclésiastiques (qui ont dû, à cette lecture, avaler l'hostie de travers) : La connoissance de tout ce qui intéresse son état (et on voit bien Chaptal balayer ironiquement ces occupations sacerdotales d'un revers de main) est sans doute indispensable ; mais combien seroient précieux des hommes qui, revêtus de ce saint ministère, auroient des notions précises sur l'agriculture, la médecine, l'histoire naturelle! ILS ENTRETIENDROIENT L'ORDRE ET LA PAIX ET ENRICHIROIENT LES CAMPAGNES (p.32). C'est moi qui souligne).
L'impôt, proportionné à chacun, doit être consenti par chacun. Même les propriétés inutilisées doivent être taxées. Ne pas semer un champ, ne pas louer une maison est un tort fait à toute la nation, et, en plus de la contribution normale, une amende doit être perçue. (Ceci est toujours d'actualité en 2011).
La dernière moitié de la brochure peut se résumer au choix (élection censitaire) et au rôle des représentants du peuple.
Si le peuple trouve un homme vertueux et éclairé qui se plaise, depuis long-temps, à servir sa patrie par tous les moyens qu'il a en son pouvoir… voilà l'homme qu'il faut députer (p. 41).
Si un citoyen administre ses propres affaires avec succès.. celui-là est digne de la confiance publique ((p. 68).
Le mandat impératif est interdit car si les députés étoient astreints à se conformer aux volontés de leurs commettans… il suffiroit d'envoyer des cahiers.
Et si l'Assemblée prend des décrets injustes, le peuple doit commencer par se soumettre et obéir … car il vaut mieux souffrir pendant 6 mois, que de donner le signal de la désobéissance et de manquer de respect et de soumission à ses législateurs. LE DEVOIR DU PEUPLE EST D'OBEIR car les suites d'un moment d'insubordination sont incalculables  (p. 45).
In fine, apparaît la question essentielle :
D. SERONS-NOUS PLUS HEUREUX DANS CETTE CONSTITUTION?
R. SI NOUS NE L'ETIONS PAS, CE SEROIT NOTRE FAUTE (p. 73).
D. Que nous reste-il à faire pour affermir notre bonheur?
R. Ne point décrier les opérations de l'Assemblée Nationale, respecter nos représentans, se soumettre à leur décrets, ne pas soulever le peuple, ne point l'aigrir…
Si ça, c'est pas du bon esprit!
Le problème, c'est qu'en 1790, Chaptal considère que la Révolution est terminée et aboutie. Mais pour le "peuple aigri", elle ne fait que commencer.
Finalement, ce Catéchisme aurait fait un tabac sous la Monarchie bourgeoise de Juillet. Ah! quel malheur d'avoir 40 ans d'avance!
A Montpellier, Chaptal ne fut jamais élu député. 
Chaptal ministre