26 janvier 2013

SOLDATS ETUDIANTS AMERICAINS à MONTPELLIER en 1919 : THE MISTRAL , The American Soldier-Student

THE MISTRAL : Souvenir des SOLDATS ETUDIANTS AMERICAINS à MONTPELLIER en 1919


THE MISTRAL
A Year-book
Published by the AMERICAN STUDENTS,
University of Montpellier
from March to June 1919

100 pages, in 4° sous reliure d'éditeur percaline bleue. 


Il s'agit du journal des Forces Expéditionnaires américaines (A.E.F.) , basées à Montpellier et hébergées dans les locaux du Petit Lycée (au faubourg Boutonnet) et qui éditent par ailleurs THE STUDENT-SOLDIER en 1919.
Ces soldats - étudiants sont environ 500 : la liste de leur nom, avec leur ville d'origine tient 11 pages. 

THE MISTRAL : Souvenir des SOLDATS ETUDIANTS AMERICAINS à MONTPELLIER en 1919

L'ambigüité du titre est d'emblée évidente. La première page présente au verso le poème de Frédéric Mistral (en occitan) Au Miejour. Mais au verso du même feuillet, un texte commence ainsi : "The Mistral ! the very winds of Provence and Languedoc have lyrical names." Suit un jeu de mot sur le monde venteux (windswept world) auquel les troubadours se sont opposés, sur les terrasses ventées de leurs châteaux perchés.
En fait, les deux patronages du vent et du poètes sont réunis dans l'invocation du titre, "singing in the soul of a brave, poetical ang generous people".

Mon exemplaire est largement dédicacé à  Madame Kühnholt-Lordat par plusieurs de ces soldats, commandant Sherley W. Morgan en tête.  Ce dernier, de la classe 1913, semble par la suite être devenu un brillant architecte, et bienfaiteur de l'Université de Princeton.
Dédicace à Mme KUHNHOLTZ-LORDAT

Les étudiants-soldats américains qui ont quitté le front après le 11 novembre ont été envoyés dans des villes universitaires en France et en Angleterre.

L'Ours du MISTRAL

Le comité montpelliérain chargé de la réception de ces militaires est présidé par S. Kuhnholtz-Lordat, et on y retrouve des gens comme Albert Leenhardt, Jules Valéry (le frère de Paul) et autres universitaires.


PETITE ANALYSE DU CONTENU :

Divers articles d'histoire locale à l'usage des jeunes touristes que sont devenus nos petits soldats.
Des excursions culturelles se dirigent vers Carcassonne, Nîmes Aigues-Mortes  et Arles.
Il s'agit toujours d'intégrer au mieux ces centaines de militaires : for bringing the American soldier into contact with the French people.  
La culture, l'histoire, les réceptions officielles semblent de bons moyens d'intégration. Tout le monde est mis à contribution.

Le 6 avril, c'est le Cardinal de Cabrières qui s'y colle, à la cathédrale, et le 27 mars le journal L'Eclair.
 
Bienvenue aux Américains. Réception à L'Eclair de Montpellier

Mais ce qui marche le mieux, et de très loin, c'est la rencontre avec les jeunes montpelliéraines.
Le bal à l'Hôtel Métropole  est une réussite totale. "This was a 'tout à fait' American dance in a French sitting". "Our Jazz band" est irrésistible et "many beautiful 'demoiselles' se sont mises au rag time " in the arms of their American cavaliers".
Dommage collatéral :   "Even Professor Grammont was seen to essay a few steps of a rollicking fox-trot in the obscurity..."
En fait, tous ces joyeux drilles se sentent "missionaries of the American Jazz"

Photo de l'orchestre avec trompettiste noir :  

Au début, on manque d'instruments  On en trouve à Nîmes et Pari, et tout s'arrange. 
The University JAZZ ORCHESTREA  : "The music was an amusing  novelty to the French people "

Le même Jazz band servira à la célébration, le 11 mai,  de la Fête des mères "in true American style".

Autre moyen de fraternisation : LE SPORT .

Le Champ de manoeuvres, terrain d'entrainement militaire et sportif est mis à leur disposition. Ils jouent, avec les français, au tennis et au basket. Ils découvrent ce jeu étrange, le football, une curiosité locale. Mais le vrai sport, le seul qui aie de vraies compétitions organisées, c'est le baseball. En 3 mois, un vrai championnat est disputé avec Hyères, Cannes, Marseille, Miramas, Bordeaux et Lyon, où il y a aussi des garnisons américaines.

Sociétés de convivialité masculines :
Les traditions estudiantines américaines sont recrées dans l'exil.  Une section du PHI BETA KAPPA créé en 1776 à l'Université de Virginie est créée à Montpellier.

Et,  dans la foulée : le PEYROU MASONIC CLUB  loge maçonnique fondée par le frère James W. Richey. C'est un triomphe puisque  12% des ASD y adhèrent. Ils reçoivent les franc-maçons locaux :  Mr M. Darsac, vénérable de la loge Justice Liberté en tête.
Loge maçonnique des soldats américains à Montpellier : le PEYROU MASONIC CLUB.
Début de la liste des franc-maçons des étudiants soldats américains

Moins sérieusement, il y a même des SECRET SOCIETIES ABOUT TOWN  composées à la fois d'étudiants français et américains : les "SANS SOUCI ", sportifs qui se réunissent au Café de France  et les "CHASSEURS DE CHATS" armés de cannes qui à minuit chassent le trop-plein des chats de la ville.
Sociétés secrètes estudiantines franco-américaines
Toujours dans le style humour potache, il faut lire le Petit catéchisme de conversation :"No, I am not married, not have I a fiancée".
"Yes, chewing gum is only to chew and not to be swallowed. Yes, 'c'est droll.'

ou les petites blagues désopilantes, style : 
La vieille fille : Ciel! La guerre est finie, et je n'ai pas encore épousé un  Américain [en français dans le texte].
 Et, pour finir, les questions existentielles de la vie quotidienne en civilisation indigène :






2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le dernier numéro de la revue de la Bibliothèque de Virginie signale un don qui lui a été fait de numéros du “Student-Soldier”, journal que vous mentionnez ici (voir à http://www.lva.virginia.gov/news/broadside/2012-Winter.pdf -- faire une recherche avec le mot-clé “Montpelier” – avec un seul “l”). L’édition numérisée du Petit Méridional – sur le site de la Médiathèque Zola – mentionne la sortie de ce journal en mars 1919. Si vous arrivez à mettre la main sur un numéro, cela pourrait donner lieu à une revue intéressante de plus sur votre site.

Ces visiteurs avaient la plume prolifique, et un sens de la sociabilité qui a dû les mettre en phase avec leurs hôtes. Que de clubs et d’associations !

Amistats.

Un clapassier de Nòva York

Guy Barral a dit…

Je prépare un billet sur les 15 numéros parus de ce journal. Je mets en ligne dès que possible.