6 septembre 2012

Un imprimeur candidat aux législatives de 1848 à Montpellier : Jean-Antoine DUMAS

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
Les révolutions sont toujours une aubaine pour les imprimeurs : le brassage d'idées noircit tant de pages !
Voici donc une profession de foi parmi tant d'autres imprimées à Montpellier à l'époque. Mais celle-ci a la particularité d'être signée par un OUVRIER IMPRIMEUR, Jean-Antoine DUMAS.

Sur ce personnage, Hélène Foucault a édité une petite plaquette biographique. Mais ce n'est pas mon sujet d'aujourd'hui, et je me contente d'évoquer cette vie en deux mots, tirés des Bibliographies héraultaises de Pierre Clerc :
Jean-Antoine DUMAS (Montpellier 21 février 1799-13 sept. 1873). Chroniqueur, imprimeur et journaliste. Rédacteur unique à partir de 1834 des Annales de Montpellier et du Département de l'Hérault.
Ouvrier imprimeur chez P.P. Bompar, 1 Place du Marché-aux-Fleurs, il lui succède en 1850. En 1853, il installe son imprimerie 12 Place Croix-de-Fer (actuelle Place de l'Observatoire).
Par manque d'activité, il ferme cet atelier, et reprend en 1859 l'imprimerie de Tournel aîné.

Mais quelles sont les motivations d'un ouvrier imprimeur pour se présenter à l'Assemblée Nationale?
Je vais suivre pas à pas sa proclamation Aux Electeurs du Département de l'Hérault.

Ça commence comme un discours du comte de Champignac, ou, si l'on redoute les anachronismes, de M. Prudhomme. On voit une noble et majestueuse phalange d'écrivains, de politiciens et de savants qui s'avance avec calme et résignation ...  Cette résignation surprend, mais si on pense que dans l'Hérault, une centaine de candidats se disputent 4 postes, on comprend mieux.
Mais la Société ne se compose pas seulement de millionnaires, de savants, ou de poètes... Il y a aussi des ouvriers. Il doit donc y avoir des candidats ouvriers pour que l'Assemblée Nationale soit le tableau vivant de la société. 
Ensuite, Dumas raconte ses engagements démocratiques, que tout le monde peut vérifier puisqu'il les publie depuis 14 ans dans las Annales de Montpellier et du département de l'Hérault.

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
Et de développer son programme :
— Liberté des cultes : Sans religion, point de société possible.
— "Je suis ouvrier imprimeur!... c'est dire assez que je veux la liberté de la presse.
— Pas de députés-fonctionnaires !
— Organisation des Prud'hommes pour régler les conflits du travail.
— Règlement des petits procès au niveau des juges de paix et non des cours d'assises.
— Suppression des ateliers de travail dans les prisons.
— Diminution de tous les salaires supérieurs à 2000 francs.

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
L'appel final est un pathétique appel à laisser une place pour l'ouvrier dans la représentation nationale, après, bien sûr avoir élu le commerce, les lettres, les sciences, la politique et le clergé.
C'est bien peu.