19 avril 2012

Virulence des élections en 1893. Les inventions de La Capeleta, un journal à objectif unique : balayer le député sortant franc-maçon

LA CAPELETA. Montpellier 1893. Un journal électoral contre le candidat Franc-maçon

                Voici un journal, dont un seul numéro est sans doute paru : LA CAPELETA, "journal paraissant quant il y a lieu. Première année, N°1, 10 aôut 1893. 
                 En fait, il semblerait qu'il y ait eu 3 parutions, mais malgré ce, ce journal reste ce qu'il est : un tract électoral.
Le député sortant est battu. 

               Il trouve sa place dans ce blog à cause de sa forme originale. Mais son contenu surprend. Ce n'est pas le journal d'un candidat, c'est un journal CONTRE un candidat (serait-ce permis aujourd'hui? je l'ignore).
              Ce candidat est le député sortant : Elisée DANDREIS (ou Déandréïs). Il est député de l'Hérault (Montpellier) depuis 1885. Mais ce qui retient uniquement l'attention de LA CAPELETA, c'est qu'il est franc-maçon. C'est contre cette appartenance à la "petite chapelle" (Capelata en occitan) que se déchaîne le journal.
Parodie de souscription signée Lou Taban (le Taon)
              Zou! L'Escouba se traduit de l'occitan au français par : Zou! du balai! C'est le sous-titre explicite du journal.
              En fait, on devine entre les lignes un soutien au candidat radical-socialiste (modéré) COUSIN, qui, en effet sera élu à la place de Dandréïs.
              Mais Elisée DANDREIS aura sa revanche en 1895, puisqu'il sera élu sénateur (jusqu'en 1906). C'est un parlementaire d'extrème-gauche, qui a toujours réclamé la séparation des Eglises et de l'Etat, et milité pour la fin de la colonisation. Sénateur, il voulait même la suppression du Sénat.

              C'est aussi, et ça nous le rend d'autant plus sympathique, un des membres fondateurs de la SOCIETE DES BIBLIOPHILES LANGUEDOCIENS. 

              Mais finalement, s'il ne fallait retenir qu'une chose de ses adversaires, ce ne serait sans doute pas leur programme électoral, mais leur capacité et leur brio, dès 1893, à utiliser les deux armes fatales du futur XXe siècle : les médias et la publicité. 
             En donnant à leur tract la forme d'un vrai-faux journal, ils innovent.
             En créant des tas de publicités bidon, détournées ou piratées, ils révolutionnent la communication politique.
              Je vous laisse savourer :
Publicités contre le député franc-maçon. Si le nez te démange, gratte-toi le cul.

Publicités piratées pour cause d'élections législatives

L'anti maçonnisme de la fin du XIXé siècle

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