24 décembre 2011

Noël politique en 1815. Louis XVIII est-il vraiment un petit Jésus?

NOËL OCCITAN pour célébrer le retour des Bourbons, Narbonne, 1815.
C'est Noël.
En voici donc un, aux sous-entendus politiques clairs comme de l'eau de roche.
Ecrit après l'une des deux abdications de Napoléon (mais laquelle?) , il termine pourtant son faux-bourdon sur une fausse note qui fait beau couac !

Il a été publié en 1814 ou 1815 à Narbonne, chez A. Decampe, imprimeur.
4 pages, in 8°.
Il existe à la Bibliothèque de Toulouse un autre exemplaire de cette brochure.

Je vous laisse, bien sûr, lire l'original occitan de ce noël.
Je n'ajoute qu'un semblant de traduction et des bribes de commentaires.











NOUE PROUVENÇAOU
su l'air des Ouvergnas ou daou Martigaou

NOUE PROUVENÇAOU
su l'air des Ouvergnas ou daou Martigaou

           Un ange a porté la nouvelle / aux bergers  dessous leur abri / que d'une vierge sainte et belle / ce soir dans une maison pauvre / était né un fils charmant / qui vient pour être homme-Dieu. / Dansons, célébrons la naissance / d'Emmanuel le désiré. 

Un Angé a pourta la nouvéle
Ei bergié dessu lou coutaou,
Que d'une viergé sante et béle,
Anuè, dedins un paure  houstaou,
Ere nascut un charman fiéou,
Qué vén per sé faire homme-Diéou.
Dansén, célébrén la naïssance
d'Emanuel lou desira.

          Descend du ciel dessus la terre / pour faire cesser tous nos maux. / Porte la paix, plus jamais de guerre / tu rendras nos droits égaux. / Trois rois, venus pour l'adorer / nous l'ont tous bien assuré. / Dansons... 
         (Ces trois rois sont le Tsar, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse. Ils ont dans leur hotte l'égalité, promise par la Révolution et que le petit peuple n'a pas vraiment vue venir, et surtout la fin de la guerre et son corollaire, l'abolition de la conscription. Le peuple veut bien changer l'empereur en roi, mais pas perdre ses droits.)


          Etant dans un affreux désordre / nous n'avions aucune ressource : / Nous ne pensions qu'à nous mordre  / entre nous comme des chiens. / Aujourd'hui nos jeunes gens / ne risquent plus la conscription. / Dansons... 

          Remercions sa bonté divine / car sans lui, tout était perdu / Cette année, on se cassait la gueule / si n'était pas vite descendu. / Portons-lui donc quelque cadeau / et pour lui et pour sa bergerie / Chantons...

         (Au lieu de parler de la Maison de Bourbon, voici une variante marie-antoinettesque : la  Bergerie de Bourbon.)

          Pour vos agneaux,pauvres bergers / pour votre chien, pour vous aussi / Il n'y a plus à craindre de désastre / Dieu vient d'enchaîner le loup. / De ne plus pouvoir s'échapper / il hurlera, mais ne mordra pas. / dansons... 

          (Ce loup, c'est bien sûr Napoléon. Le sens de la strophe change considérablement selon qu'elle est écrite en 1814 ou en 1815, c'est à dire pendant que Napoléon est à l'île d'Elbe ou à Sainte-Hélène.
L'ambiguïté reste entière puisque la dernière page porte, imprimée, la mention : Fait en 1814, corrigée à la plume à l'époque en : Fait en 1815. La présence physique des trois rois (à Paris) m'incite à penser que la vraie date de publication est 1815, la date imprimée étant alors une fanfaronnade : Je vous l'avais bien dit, dès 1814, moi qui ai toujours été contre ce satané usurpateur... La tournure "poudé pa plus s'escapa " suggère qu'il a bien pu déjà s'échapper une fois. Mais  ce n'est que mon opinion...)


          Votre bel enfant, Vierge Marie / que nous espérions tant / vient délivrer notre patrie / de l'empire de ce satan. / A sa tête de brigand / il mériterait d'être pendu. / Chantons... 
          (Pour ceux qui n'auraient pas compris, on en remet une couche : l'Empiré d'aquel satan. Aqueste còp, es clar ! )


          Le commerce, l'agriculture, / les arts, les gens, tout allait mourir / si Dieu, qui aime sa créature / n'avait muselé le lutin : / Autrement, il ne restait rien / pour qu'on se mette sous la dent. / Dansons...
          (Les rapports du petit peuple de France avec ses petits gouvernants, lutins ou nabots, reste à faire. Versons cette pièce au dossier. On savait que Napoléon était petit, mais en 1815, personne ne savait que Louis XVIII était podagre, comme en 1940 un américain sur deux ignorait que Roosevelt était paralysé. )


          Allons donc, allons rendre grâce / au Messie si désiré / Prosternons-nous devant sa face / puisqu'il veut bien tout pardonner. / Adorons ce fils de Dieu / C'est votre maître, le mien aussi. / Chantons...
         (Deux idées : l'amnistie pour les bonapartistes et l'unité nationale. On ne  sait plus si c'est Jésus ou Louis XVIII le Messie qui vient pardonner.)
Noël chez Decampe, imprimeur à Narbonne
         J'ai vu des gens de toutes sortes / courrir les grands chemins / Des abbés, des vieillards, des jeunes / des pénitents, des pélerins. / En allant voir ce petit enfant / chantons ensemble en faux-bourdons. / Dansons...
        (Ah! que ce faux-bourBon fait sens, comme diraient nos gendelettres!)




14 décembre 2011

Un fabricant de cartes à jouer à Montpellier : enveloppe de la fin du XVIIe siècle

Enveloppe de cartes à jouer d'Etienne LAJUS, maître cartier à Montpellier vers 1675
          Voici une petite feuille rare et charmante. Une enveloppe, nous dirions étui, dans laquelle se vendaient au XVIIe siècle les jeux de cartes.
          La gravure sur bois prévoit les languettes de fermeture, qu'on déchirait pour ouvrir le paquet. Il y a même une sorte de garantie : si le rabat ENTIERRE est intact, c'est que le jeu est complet, n'ayant pas été ouvert.
          La légende se lit ainsi : CARTES FINES DE ESTIENNE LAIUS CARTIER DE SON ALTESSE MONSEIGNEUR LE DUC DE VERNEUIL LIEUTENANT GENERAL POUR LE ROY EN LANGUEDOC RUE BARLERIE A MONTPELIER.
Publicité d'Etienne LAJUS, fabriquant de cartes à jouer à Montpellier
          Il y a eu à Montpellier au moins quatre LAJUS, maîtres cartiers, et Etienne LaJUS est sans doute le plus important.
          Les cartes retrouvées portant son nom (le nom du fabriquant est toujours sur le valet de trèfle), un certificat de mariage de 1709 on fait penser que son activité se déroulait surtout dans le premier quart du XVIIIe.
          Le titre de cartier du duc de Verneuil remonte cette datation au dernier quart du XVIIe. En effet, ce fils d'Henri IV fut nommé Lieutenant général de Languedoc en 1666 et le resta jusqu'à sa mort en 1682.
           1675 est donc une datation moyenne pour cette enveloppe de jeu de carte.
          La rue de la BARRALERIE, à Montpellier, était la rue où se trouvaient les fabricants de cartes. On y trouve aussi, outre les frères et fils LAJUS, toute la famille LIONNET (Gilles dit La Hire, Alexandre, un autre Gilles et même le gendre Antoine Roussel).
          A droite, une inscription n'a pu trouver sa place sur la feuille et est donc tronquée. On y lit LA FORTUNE ET LES... Mais par bonheur, cette devise a été conservée par un des apprentis d'Etienne LAJUS. Guillaume MARCILLIAC, "fils d'autre Guillaume MARCILLIAC, maître cartier à Montpellier" est devenu lui-même maître cartier à Nîmes, rue des Marchands. C'est grâce à lui que nous reconstituons la devise d'Etienne LAJUS : LA FORTUNE ET LES / BONHEUR (sic) SE PASSENT / COMME LA FLEUR.
          La vignette d'Etienne LAJUS représente les armes du Duc de Verneuil : les trois fleurs de lys des armes du roi, brisées du bâton de bâtardise.
          Deux anges supportent l'écu. Fait curieux, et riche d'enseignement sur la sexualité et la reproduction des anges, leur nombril est très nettement figuré.
Le nombril des anges
          Les initiales E. L. sont celles d'Etienne LAJUS.
          La gravure, tronquée à droite mesure 14 x 18 cm.


       
          En cadeau, une enveloppe de GOURY FUZELIER, maître cartier de Marseille pêchée sur le net.
       
          Les cartiers méridionaux travaillant pour l'exportation (vers la Catalogne et surtout les autres provinces françaises) et ayant, sur place, une forte clientèle de soldats, leur publicité et devise (qui ne sont pas légalement soumises à l'édit de Villers-Cotteret qui impose le français pour les communications officielles) sont rédigées en français et non pas en occitan qui était pourtant la seule langue parlée dans les bistrots de Montpellier ou de Marseille au XVIIe.

12 décembre 2011

Manière flamboyante de présenter une bibliographie : Colbert, évêque de Montpellier et la transfiguration de ses oeuvres en langues de feu

Les principaux ouvrages de Mr l'évêque de Montpellier (estampe, 1734)
          L'image frappe dès l'abord : un paisible écrivain, dans sa bibliothèque dont le portrait est entouré d'une couronne de languettes (de papier?) portant toutes en inscription le titre d'une oeuvre.
          Mais l'écrivain n'est pas paisible. Le Grand Colbert (c'est ainsi que les jansénistes appellent Charles-Joachim Colbert, évêque de Montpellier) est un terrible guerrier de l'écriture.
          Ce fils, neveu et cousin de divers ministres de Louis XIV est un des quatre piliers de l'Eglise qui, en 1717, a déposé en Sorbonne un Appel à un futur concile général qui devra décider qui, de Rome (c'est à dire le Pape) ou des Appelants est dans le droit fil de l'orthodoxie catholique. Autant dire que le Pape n'a pas aimé.
          Il n'est pas question ici de faire l'histoire des réactions à la bulle Unigenitus qui, de 1713 à la Révolution vont mobiliser l'opinion publique et l'énergie du clergé de France.
          De 1728 à 1803 une revue clandestine d'une rare violence enflamme les débats. Les NOUVELLES ECCLESIASTIQUES sont bien sûr interdites, mais grâce à une organisation sans faille, elles se faufilent partout. Créée pour défendre la réalité des miracles du diacre Paris et des convulsions du cimetière Saint Médard de Paris, elles seront le brulot janséniste par excellence du XVIIIe siècle.
          Ce sont ces Nouvelles ecclésiastiques qui, vers 1734 diffusent cette estampe.

          Colbert a 67 ans  et encore 4 ans à vivre. On le menace très régulièrement de convoquer un concile régional pour le destituer de son évêché, qu'il occupe depuis 38 ans. C'est ce qui est arrivé à son ami Jean Soanen, évèque de Senez en Provence, déposé par le "conciliabule" d'Embrun.
          Mais ce qui a été possible avec ce "prolétaire" de Soanen est plus difficile à faire avec un Colbert! Le nom seul en impose, et on hésite d'autant plus que l'évêque se défend bec et ongles.
          C'est cette défense que la gravure représente.
          Il s'agit mettre autour du cou du vieux bouledogue un collier de clous acérés comme en portaient les chiens de berger pour se protéger des loups.
Chales-Joahim Colbert et ses oeuvres en guirlande
          Il y a là 44 titres de LETTRES, MANDEMENTS REMONTRANCES ou ORDONNANCES disposés sur une ou plusieurs flammèches.
          Ainsi protégé par sa bibliographie, l'évêque peut travailler dans sa bibliothèque.
          Je ne connais pas d'autres exemples où la bibliographie d'un auteur soit ainsi représentée en couronne de gloire.

          Mais cette bibliographie n'est pas complète. Il manque bien sûr ce que Colbert publiera entre 1734 et 1738.
          Il manque surtout ce qu'il a écrit AVANT SON ACTE d'APPEL de 1717 et en premier lieu le très fameux CATECHISME DE MONTPELLIER paru en 1702.
          Ce catéchisme, jugé rétrospectivement janséniste, aura en France seulement une cinquantaine d'éditions durant le XVIIIe siècle (avec d'infimes changements entre elles).
          Il sera surtout traduit par les JESUITES pour être utilisé dans leurs missions en Amérique du Sud ou au Japon et en Chine.
         Voici un version viennoise de 1735 , traduit par le Jésuite Johan Thomas BEY en 1708 et approuvé  par le professeur de théologie et le recteur de l'Université de Vienne, tous deux aussi Jésuites.
Catéchisme de Montpellier. Vienne (Autriche) 1735
          Les querelles de chapelle françaises ne dépassaient pas les frontières.

          Un autre jour, peut-être, je parlerai de la bibliothèque de Charles-Joachim Colbert, qui, avec plus de 13000 volumes, est un mastodonte rare. Il est vrai qu'elle réunissait celles de quatre évêques : Jacques Plantavit de la Pause (évêque de Lodève), Pierre  de Marca (Toulouse), Francois Bosquet (que nous avons déjà rencontré) et Charles Pradel (Montpellier).
          Mais l'histoire de cette bibliothèque est une autre histoire.
Livre aux armes de Charles Joachim Colbert, évêque de Montpellier

8 décembre 2011

Pourquoi je n'ai pas publié le Journal de Paul Vigné d'Octon. Un anticolonialisme douteux, un racisme certain.

          


 

Une phrase d'un de mes derniers messages (celui sur l'histoire de l'Entente bibliophile) m'a valu deux commentaires s'étonnant de mes réticences face à Paul Vigné d'Octon (natif d'Octon, dans l'Hérault et plusieurs fois député de ce département). Je disais que son Journal, paru en feuilleton dans le Petit Méridional sous le titre de Quarante ans de vie publique. Souvenirs d'un méridional entre 1925 et 1928 avait fait l'objet de diverses tentatives d'édition, abandonnées par les éditeurs potentiels successifs. Un des derniers en date : moi-même. Après vérification de diverses anecdotes, il s'avère que certaines sont, historiquement, impossibles, et tiennent du roman.
          Il est vrai que c'est parfois le cas des souvenirs.
          Aussi bien, ce n'est pas là dessus que je fondais la chute de la sympathie que j'éprouvais pour Vigné d'Octon.
          Celui-ci passe, depuis quelques années, quelques décennies, pour un anticolonialiste, et un anti-raciste.
          Loin de moi l'idée de contester la haute autorité morale de Jean Suret-Canale : celle-ci est incontestable. Mais Suret-Canale, à l'origine de l'image de Vigné d'Octon anticolonialiste n'a pas tout lu. Soucieux de sociologie, d'histoire africaine et de politique, il a négligé les romans de Paul Vigné d'Octon.
          Sur l'anti colonialisme, je dirai simplement que PVO l'est à sa manière, qui est un peu celle des opposants américains (et français) à la guerre en Afghanistan : c'est non pas au point de vue des colonisés africains, ou de l'égalité de droit des peuples, mais tout simplement parce que c'est dangereux pour le colon ou le militaire blanc. Deux dangers principaux. D'une part, on envoie des soldats, jeunes, se faire tuer. D'autre part, les colons attrapent des maladies et/ou finissent tous plus ou moins (plutôt plus que moins) alcooliques. Céline reprendra largement ce thème. C'est donc un anti-colonialisme motivé par le confort et la sécurité du colon, en aucun cas sur les droits des sauvages colonisés.


          Pour ce qui est du racisme, je me contenterai de recopier la préface de Fauves amours, roman paru chez Lemerre en 1892.
          Rappel des faits : PVO est médecin de la marine, mais exerce surtout dans les colonies d'Afrique noire. Il a au Soudan une maîtresse, noire, et Chair noire paru en  1889 toujours chez Lemerre est le récit romancé de ces amours. Le titre est déjà assez fétide (le roman plutôt salace).
          Mais voici que le romancier, qui se place explicitement dans la lignée d'Emile Zola, a besoin de donner de la cohérence à son oeuvre. Il va donc expliciter un cycle littéraire en cinq romans naturaliste dont la progression sera le reflet de l'inégalité des races et des types humains.
         Voici donc la préface de Fauves amours, qui décrit des amours paysannes dans les hauts-cantons de l'Hérault, à la limite du causse du Larzac.

          Ce livre fut conçu et écrit avant L'Eternelle blesséeDes raisons d'ordre privé m'ont obligé à ne le publier qu'après. Logiquement, dans la série des études psycho-physiologiques que je me suis proposé d'écrire, il doit suivre immédiatement Chair noire.
          En cette dernière oeuvre, en effet, j'ai tenté d'étudier dans son milieu d'origine l'âme d'un être primitif dont ni les croisements ni la civilisation n'auraient altéré le type; je me suis appliqué à noter scrupuleusement l'éveil de ses instincts, de ses sensations, de ses sentiments [il s'agit, rappelons-le, de sa maîtresse]; j'ai tâché de dégager et de mettre en relief sa personnalité physique et psychique aux prises avec le besoin d'aimer. Il se trouva que ce livre dans lequel j'ai mis beaucoup de ma rude existence au Pays Soudanien - bien que simple monographie d'un coeur de négresse - soulevait parmi d'autres problèmes ethniques, celui de l'impossibilité d'union entre races humaines, et apportait aux partisans de la polygénie [autre nom du racisme] des arguments inattendus.
          - "La femme noire n'a ni les qualités, ni les sentiments, ni les sensations de la femme de race caucasique; d'elle au blanc, l'amour au sens psychologique ne saurait exister."
          Telle fut, en effet, ma conclusion qui fit dire à François Coppée et à d'autres : "C'est bien triste, mais vrai!". 
          Quoiqu'il en soit, je fus récompensé de mon travail et encouragé dans l'oeuvre entreprise par l'approbation de ceux que se satisfont plus des affabulations purement romanesques.
          Obéissant à des habitudes d'esprit contractées au cours de mes études médicales et biologiques, je procédais du simple au composé ainsi que le veut la méthode évolutionniste. 
          Donc, après l'âme simpliste des races nigritiennes, j'abordais l'étude d'êtres venant immédiatement au dessus dans l'échelle ethnologique et qui - encore qu'appartenant à un type [id est : race] supérieur - étaient restés primitifs et n'avaient été qu'effleurés par la civilisation de leur race. C'est ainsi que je fus amené à observer le paysan.
          Je ne pris pas - il va sans dire - pour modèles ces paysans mâtinés d'urbains et que depuis longtemps déforma la proximité des villes, mais bien de frustes et âpres montagnards, dont le simplisme avait été conservé par l'isolement jusqu'alors inviolé de leurs montagnes.
          Ce fut l'origine du livre que je publie aujourd'hui; ces quelques mots expliqueront et justifieront, je l'espère, l'invraisemblable mais vraie, sincère et authentique violence.
          Ayant ainsi posé, en ces deux premiers essais, le besoin d'aimer qui tient toute créature comme le réactif à l'aide duquel me paraissait plus facile l'analyse des éléments composites d'un âme, je l'appliquais dans L'Eternelle blessée à des individualités supérieures, mais d'un moyen développement cérébral.
          Dans la prochaine étude de la série (Le Roman d'un timide), sera dit comment réagissent à l'égard du mal d'aimer qui torture tout être, les intellectuels que leur haute culture scientifique a placés parmi l'élite de l'humanité.
          Le Roman d'un sculpteur [le sujet sera dilué à travers plusieurs romans ultérieurs] qui fera suite racontera les amours d'êtres à cérébration plus puissante encore, de ces raffinés de l'esprit, dont chaque cellule nerveuse est saturée d'impressions et de sensations artistiques et auxquels échut la faculté divine de créer.
         Ainsi sera clos ce cycle que je me propose d'élargir plus tard.
         A l'étude de ce microcosme moral et passionnel qui va du nègre à l'artiste en passant par le paysan, le bourgeois et le savant j'appliquerai, comme par le passé, la méthode que je crois la vraie, parce qu'elle émane du positivisme scientifique et qu'elle ne s'efforce pas de rompre l'indissoluble dualité de la vie. 
          Je continuerai donc à ne pas suivre ceux qui ne voient que la matière, le substratum de la vie, l'apparente réalité des choses, et je ne me laisserai pas non plus séduire par ceux que - seules - préoccupent les subtilités psychologiques.
          Si le roman est un coin de nature ou d'humanité tenant en trois cents pages, il convient de ne pas oublier que nature et humanité sont faites de matière et d'esprit, et que la physiologie n'est la science de la vie que si la psychologie l'accompagne.
P. Vigné d'Octon, Paris, 15 octobre 1891.



          Je laisse aux raffinés de l'esprit, dont chaque cellule nerveuse est saturée d'impressions et de sensations artistiques (c'est bien nous, ça!) le soin de conclure.
          Pour moi, c'est plus près de Vacher de Lapouge (voir Wikipédia) que de l'humanisme. Même en faisant la part de "l'époque", c'est un peu gros pour donner quand même la médaille d'anti-colonialiste et d'anti-raciste à l'auteur.

 





 

Louis XVII, Jean III : histoire de rois de France (?) et de vin de messe à Lunel

La Fleur de lys, revue de Lunel 1897
           Petite revue, sans grande importance, publiée à LUNEL (Hérault) le 20 décembre 1897.
           Mais si rare!
           Je n'en ai trouvé mention que dans : Revised catalogue of the J. Sanford Saltus Collection of Louis XVII books in the Library of the Salmagundi club, New-York, 1908. Et encore, le bibliographe, qui ne l'a pas eu en main, ne sait ni son adresse ni son aspect. 
          Précisons donc : La Fleur de lys, revue trimestrielle de la question Louis XVII. - Première année, N° 1, 20 décembre 1897. -  48 p. , 14 cm. 
Administration et rédaction chez M. C. Gabaudan, à Lunel, Hérault. - Imprimerie J. Fournier, à Toulouse. 
La Fleur de lys, revue de la question de Louis XVII
           L'éditorial précise :
          "Nous sommes avant tout catholiques… En politique, nous sommes légitimistes.
           Le représentant actuel de l'antique Légitimité française est Charles XI, fils de Louis XVII, jadis méconnu sous le nom de Naundorff…" 
          D'où un certain étonnement devant la dédicace de la revue  A la mémoire du Duc de Berry alors qu'elle est finalement destinée à "détrôner" son fils, le duc de Bordeaux, rejeté dans les branches cadettes de la légitimité des Bourbons. On comprend mieux quand on lit dans la revue que le duc de Berry, fils de Charles X était décidé à reconnaître Louis XVII (Naundorff) et à lui laisser son trône. C'est d'ailleurs pour ça que le duc de Bordeaux aurait refusé de devenir roi. 


          La revue comprend deux articles : Anthropologie bourbonienne signé Osmond et Note biographique de Louis XVII, non signé. 
Charles XI, roi de France en 1866 et son étendard brodé à genoux par de saintes religieuses
Monsieur, frère du roi et la princesse Marie-Thérèse
          On voit défiler toute la famille de Charles-Guillaume Naundorff : ses enfants, ses petits enfants, etc... 
          In fine, nous comprenons tout, d'un coup : pourquoi Lunel?  pourquoi C. Gabaudan, viticulteur se lance dans cette aventure éditoriale, et pourquoi la publicité pour le vin de Lunel, rouge, muscats, ou de messe?
Le futur Jean III de France marchand de vin à Lunel
 En fait, voici l'histoire : 
Jean III, roi de France et son frère Charles-Louis, Monsieur, à Lunel en 1897
          Les princes Auguste (le futur JEAN III) et Charles, neveux de Charles XI, petits fils de Naundorff, demeurent à LunelAuguste a épousé une petite-fille Gabaudan.  Ce qui explique cette revue. 
          Ils y sont négociants et prétendent ne pas déroger. "Voilà plusieurs années que nous sommes dans le Midi et notre intention est d'y planter notre tente. Or, dans le Midi, il n'y a guère qu'un seul commerce prospère, c'est le commerce des vins : nous allons nous y livrer" (p. 46) 
          Mais "notre nom ne paraîtra pas en public et un intermédiaire dévoué sera là pour voiler tout ce qui devra échapper aux regards indiscrets".  Cet intermédiaire dévoué et pudique, c'est bien sûr  C. Gabaudan, le beau-père  spécialisé dans la vente de  "Vins rouges de table genre Bourgogne", de "vins muscats"  de  "Vins de messe rigoureusement conformes aux prescriptions liturgiques". 

           Malgré l'appel à tous les amis  d'"exercer une propagande active en vue de faciliter un grand tirage à cette revue", c'est un fiasco, et il n'y aura jamais qu'un numéro, assez mal diffusé pour que personne ne l'aie jamais vue. 
           D'où cette notule. 

        Lecture facultative pour ce qui suit, copié sur le site des partisans de Louis XVII-Naundorff : 

AUGUSTE-JEAN-CHARLES-EMMANUEL, Duc de Bourgogne, né à Maestricht le 6 novembre 1872, décédé à Paris, 1er juillet 1914. Associé de la Maison Gabaudan, commerce de vin à Lunel (Hérault); 1903 directeur d'une société de sondage et de forage. Marié à Lunel (Hérault) civilement le 7 février, religieusement le 8 février 1898, à Fanny-Marie-Magdelaine Cuillé, des Cuillé de Larocque de Carrodonte, dont un fils Henri*-Charles-Louis qui suit (voir A/a/a).
A la mort de son oncle le roi Charles XI, il se déclara Chef de famille (voir l’Introduction) et prit, comme Roi de droit, le nom de Jean III.
Fanny-Marie-Magdelaine* Cuillé, née à Perpignan le 18 juillet 1876, décédée à Orléans le 6 mars 1917.
Fille de Marcel Cuillé et de Claire Gabaudan, à Alger.

HENRI-CHARLES-LOUIS, Dauphin de France, né à Lunel (Hérault), en France, le 27 novembre 1899. Après la mort de son auguste père il devint Roi de droit sous le nom de Henri V. En 1936 il prit « pour ses familiers et fidèles » le titre de Duc de Bourgogne. Marié à Casablanca le 14 mars 1928 à Florence Greenhill. Engagé pour la durée de la guerre dans l'Armée française (artillerie) le 25 janvier 1918, démobilisé le 25 janvier 1921. Engagé volontaire pour cinq ans au titre de la Légion Etrangère, le 4 octobre 1922; démobilisé le 4 octobre 1927. Mobilisé à nouveau le 2 septembre 1939. Sous-officier, Croix de guerre T.O.E., Croix des Anciens Combattants, Médaille coloniale, Médaille du Riff, Médaille commémorative de la Grande Guerre. Agent à la Compagnie algérienne de décembre 1927 à 1929. Puis à la Socony Vacuum Oil Company de 1929 à juin 1930. Enfin à la Société Cormick, de septembre 1930 à octobre 1945. Actuellement agent technique dans la Société métallurgique à Casablanca (Maroc).
Sans postérité.
Florence Greenhill, de nationalité britannique, née à Bournemouth (Hants) Angleterre, le 14. avril 189 2. Fille de Frédérick William Mc Lean Greenhill et de Mary Watts Gronut, à Bournemouth (Hants). Descendante d'Edouard 1er  Plantagenêt, Roi d’Angleterre, Seigneur d'Irlande, Duc d'Aquitaine, couronné 1274.
Il laisse le souvenir d’un Prince très bon, qui resta fidèlement dans la ligne de conduite de son oncle et prédécesseur, Louis-Charles (Charles XI) soutenu d’ailleurs par Foulon de Vaux qui, après avoir été près de Charles XI ce que le Comte Gruau de la Barre fut auprès de Louis XVII, continua au Prince Jean son dévouement et sa fidélité.
D’instruction étendue et d’éducation soignée, s’harmonisant avec une distinction native, le Prince Henri de Bourbon ne montra aucune velléité de se lancer dans la politique, mais il maintint ferme son droit d’Aîné de France, tout en se créant au Maroc une situation qui lui permit de vivre, puisque descendant de nos Rois, il doit demander au travail ses moyens de subsister.
Il eut un fils :

6.2.1 Henri-Charles-Louis. (Henri V de droit) (1899-1960)
 Né à Lunel (Hérault) le 27 novembre 1899, décédé le 9 janvier 1960 à Beaumont (Val d’Oise).
Marié à Casablanca le 14 mars 1928 à Florence Greenhill.
(La Princesse Florence de Bourbon descendait de la Maison de Courtenay, famille française remontant au XIe siècle, alliée aux Capétiens par le mariage de certaines de ses filles, et qui donna deux empereurs latins de Constantinople au XIIIe siècle. Une branche cadette se fixa en Angleterre et donna en 1336 les comtes de Devon, d’où descendait la princesse Florence.)

Sans postérité.
 

6 décembre 2011

L'ENTENTE BIBLIOPHILE DE MONTPELLIER : 75 ANS d'ACTION

Le 1er livre édité par l'Entente bibliophile
          Aujourd'hui, je me contente de retranscrire un article que j'ai rédigé pour la revue "ETUDES HERAULTAISES". Il a donc un point de vue très "local", mais le fonctionnement d'une association de bibliophiles qui a fonctionné pendant trois quarts de siècle peut aussi être lu ailleurs.  
          C'est malheureusement une notice nécrologique, mais les publications restent.
Et puis, du pied de l'olivier gelé, des rameaux neufs repartent souvent... 

L'ENTENTE BIBLIOPHILE DE MONTPELLIER (1935-2011)

Le 25 novembre 2011, un collège de survivants a décidé de dissoudre L'ENTENTE BIBLIOPHILE DE MONTPELLIER. La dernière réunion réelle avait eu lieu en avril 2005.  Une rencontre en février 2011, consécutive à la mort du libraire Pierre Clerc, avait abouti à la démission du dernier président.  Sur les vingt sièges prévus par les statuts, dix seulement étaient encore occupés par des sociétaires, auxquels s'ajoutait un seul membre d'honneur. Les projets et les initiatives manquant, les élections n'avaient pas eu lieu.
Il fallait arrêter, on arrêta.
Il y a pourtant 76 années où il ne s'est pas rien passé, loin de là.

UN VAGUE DESIR DE BIBLIOPHILIE
L'histoire commence le 23 mars 1935, dans un café de la place de Strasbourg, à Montpellier. Il y a là  6 hommes d'une trentaine d'années. Raoul Bérard, Jean Descan, Henri Bach et Herman Girou travaillent à la Compagnie d'électricité. Diogène Bach est comptable, Léon Deshons caissier au Petit Méridional.  C'est samedi, on a le temps. Ce ne sont ni des érudits, ni des intellectuels, mais ils parlent livre, parce que le livre les intimide et les fascine. Ils parlent même de fonder un Groupe des Amis du Livre. Sérieusement, ils désignent un secrétaire, un trésorier, des adjoints, mais pas de président.  Le 18 avril, ils changent de nom et deviennent l'ENTENTE BIBLIOPHILE.
Le dimanche 12 mai, ils sont au Café des Autobus, cours Gambetta.  C'est  un grand jour : La liste d'Union des gauches, emmenée par le professeur Paul Boulet, vient de remporter les élections municipales. Le docteur Georges Mons, qui figure sur la liste et sera adjoint chargé de l'Hygiène publique est là aussi qui fête la victoire. C'est un médecin colonial qui est venu  prendre sa retraite à Montpellier où il a fait ses études (il était né à Narbonne en 1874).  Il faut supposer que nos lascars le connaissent et qu'il les connaît aussi puisqu'ils lui proposent tout de go la présidence de l'Entente et qu'il accepte sans hésiter au milieu de l'enthousiasme général.
L'équipe est en ordre de marche.

DES HOMMES, UN TOIT
Débarrassons nous des formalités administratives. Les statuts sont rédigés le 11 juin, déposés à la préfecture le 26 septembre 1936 et l'association est publiée au Journal Officiel le 4 octobre 1936. Le but de la Société est "la mise en commun par tous ses membres de leurs notions littéraires… (et) l'achat personnel de livres dans les meilleurs conditions.  C'est plus un club de lecteurs qu'un institut de recherche. Le nombre de membres est limité à 20.  Tout le reste des statuts est très habituel et stéréotypé.
Les années d'avant-guerre sont dans le droit fil de l'esprit premier. Le principal souci de l'Entente va être de trouver un toit, de se développer et de se faire connaître.
Le toit  est vite trouvé. Le 14 avril 1936, l'Entente s'installe dans les locaux municipaux du Bureau d'Hygiène, Place Pétrarque, à Montpellier. C'est à dire dans les services du président Mons. Elle y restera (sauf pendant la guerre) jusqu'en mai 1952.
Le développement passe par le recrutement de nouveaux membres. Il faut un an pour que l'effectif soit porté à 17.
Il ne me sera pas possible dans le cours de cette histoire de citer la centaine de membres qui a, un jour ou l'autre, appartenu à l'Entente. Je note simplement qu'un des premiers est une femme, Mlle Grognad, qui est recrutée le même jour que le docteur Mons, peut-être au café des Autobus. Elle est aussitôt nommée vice-présidente. Qui est-elle? Je n'en sais rien.
Mais c'est une femme, et c'est si rare qu'il faut le souligner. Dans toute l'histoire de la Société, je n'en trouve, sauf erreur ou omission, que sept. Rarissimes, aucune d'elles n'aura d'ailleurs de rôle important. Mlle Grognad sera d'ailleurs très vite radiée pour absence le 24 juillet 1936.  La relieuse de la rue Marioge, Mme Jean Le Brun sera quelques années secrétaire adjoint et disparaîtra au milieu des années 50. Lucienne Guy, rédactrice à la mairie élue en 1951 démissionnera en 1955. Mmes Chevalier-Lavaure et Monique Dur (1944-2000) élues dans les années 60 quitteront l'Entente sur la pointe des pieds sans qu'aucun registre ne s'aperçoive jamais de leur disparition.  Marie-Eveline Page-Delaunay, Mireille Lacave et Gladys Bouchard  ne semblent être là que parce qu'elles dirigent la bibliothèque ou les archives municipales. La seule femme qui aura une réelle action, je veux dire activité, ne sera jamais élue membre : Elise Girou sera, aux côtés d'Herman,  l'infatigable petite main des expositions de la tour de la Babote. Son nom n'apparaît pourtant pas une seule fois dans les registres. Les relations de l'Entente avec les femmes sont, tout au long de son histoire, tragiquement nulles.

QUE FAIRE ?
L'action de l'Entente est assez limitée dans les années 30.
Les réunions s'enchaînent régulièrement. On y parle livre à bâtons rompus, on expose ses ignorances sans crainte, des questions comme Qui connaît Francis Carco? Où trouver des livres d'Henri Béraud?  Comment reconnaît-on le veau du maroquin? fusent, et il y a toujours quelqu'un pour y répondre, aussitôt où à la prochaine séance.
On note avec un petit frisson que, le 9 juin 1939, dernière séance avant la guerre, Raoul Bérard demande à ce qu'on l'aide à trouver un exemplaire de Bagatelle pour un massacre et de L'école des cadavres de Céline. En 1942, Raoul Bérard sera déporté pour fait de Résistance et disparaît dans un camp de concentration vers 1943.
Le 11 décembre 1936 a lieu la première causerie. Bérard parle de Gavarni illustrateur. Désormais, les conférences s'enchaînent : la reliure, Anatole France, Béranger, Shakespeare… La mise en commun des notions littéraires fonctionne à plein régime.
On se promène aussi, on visite les bibliothèques, le Musée Atger, Maguelone, Pézenas, le Musée du Désert, la Grotte des Demoiselles, l'abbaye de Valmagne…
Bref, on se cultive, et on croit tellement à l'éducation que, le 20 octobre 1937, on va proposer un concours littéraire à toutes les écoles de l'Académie. En fait, malgré le soutien du recteur, du maire, des députés, le concours sera limité à la ville de Montpellier. N'empêche, le 1 mars1938, ce sont 400 élèves des cours supérieurs et cours complémentaires qui planchent sur le thème : Mes distractions du jeudi. La remise des prix est grandiose, toutes les autorités sont là, l'intelligentzia montpelliéraine se presse à cette apothéose de l'école laïque. Il reste une bien belle photo des 42 lauréats couverts de livres.
Et la guerre éclata…

EXPOSITIONS
La première réunion d'après-guerre a lieu le 4 novembre 1945, dans le local retrouvé de la place Pétrarque.  A l'exception de Raoul Bérard, mort en déportation, tous les fondateurs sont là, président en tête. Les activités reprennent. Avec deux problèmes essentiels : compléter le recrutement, et définir les actions possibles.
Dès le mois de décembre, une question est clairement posée : doit-on faire sauter le numérus clausus de 20 membres afin d'augmenter la notoriété et le potentiel de l'Entente? Le débat (qui reviendra de façon récurrente tout au long de l'histoire de la société) semble vif, mais la réponse est nette : nous restons "un petit groupe d'amis bibliophiles", un  "petit groupe d'amis au modeste savoir" qui  refuse d'être "submergé par de nouveaux arrivants qui auraient une culture élevée, ce qui amènerait fatalement une certaine gêne de part et d'autre".  C'est le même principe qui fait violemment repousser la candidature Jean de Vichet en janvier 1949 : il n'appartient pas à la même classe sociale et intellectuelle que les modestes fondateurs : c'est le fils du fondateur du journal L'Eclair, c'est aussi un collectionneur et savant reconnu.  Le choix d'organiser de grandes expositions obligera à fréquenter ces élites financières et aristocratiques de la ville et modifiera  cette opinion.  M. de Vichet sera élu membre le 26 décembre 1954.
Car, dès le 1 décembre 1946, Léon Deshons lance une idée : Et si nous organisions des expositions sur l'histoire locale?  Excellente idée, acceptée avec enthousiasme. Mais il faudra presque un an de demi pour qu'elle se réalise, du 22 au 26 mai 1948, dans une des ailes du théâtre (alors Musée du travail, puis galerie Frédéric Bazille, aujourd'hui café Welcome).  La bibliothèque a prêté ses vitrines. Le thème est vaste : Le vieux Montpellier, et c'est un succès.
Deuxième exposition, beaucoup plus ambitieuse, du 6 au 14 mai 1950 au même endroit. Cette fois, le thème est bien ciblé : La période révolutionnaire à Montpellier, 1780-1800. Un catalogue de 8 pages est imprimé. Surtout, les prêteurs sont nombreux et prestigieux. A côté des institutions (archives, bibliothèque, musées), les vieilles et puissantes familles sont là : Rodez-Bénavant, de Vichet (justement!), d'Albénas, Poutingon, Sabatier d'Espeyran… Nos humbles fondateurs perdent peu à peu leur timidité intellectuelle, et leurs complexes prolétariens. 
Ex libris d'Herman GIROU

C'est sans doute de cette époque que date l'ex-libris d'Herman Girou : un âne qui lit, sous cette devise : Fai bon estre un ase, on appren chaca jorn (C'est bon d'être un âne, on apprend tous les jours). Et pour apprendre, rien de tel que de se frotter à "ceux qui savent". L'organisation des expositions a tellement décomplexé nos fondateurs qu'ils n'hésiteront plus à élire des "riches" ou des "intellectuels et érudits". Les entrées de Louis Escuret (1947), Jean Baumel (1949), Marcel Barral (1952), Jean de Vichet (1954) ou Gaston Vidal (1957), la nomination comme membres d'honneur du Duc de Castries, du doyen Giraud, de l'archiviste Oudot de Dainville, du 1er adjoint François Delmas ou du conservateur du Musée Fabre Jean Claparède le montre. 
Mémoire de Ballainvilliers, Intendant de Languedoc

Entre 1948 et 1979, 27 expositions seront ainsi organisées, en mai ou octobre.
Le vieux Montpellier (1948); La Révolution de 1789 (1950); Le siècle de Louis XIV (1952); François Dezeuze (1953); Vieux Montpellier (1953); La crise viticole de 1907 (1954); Ecrivains du terroir (1955); Vieux Montpellier (1956); Le 18e siècle (1957); Reliures montpelliéraines (1959); Montpellier à travers les âges (1959); Le livre romantique (1960); Vieux Montpellier (1960); Montpellier, riche de son passé se tourne vers l'avenir (1961); Illustré romantique (1962); Napoléon III (1962); Affaires judiciaires en Languedoc (1964); Généraux montpelliérains du 1er Empire (1965); Aérostats et montgolfières (1965); Documents sur Montpellier (1967); L'Université de médecine (1968); Paul Valéry (1969); Second Empire (1970); Le livre occitan (1970); La Révolution de 1789 (1971); Le siège de 1622 (1973); Iconographie de Montpellier (1976); La Belle époque (1979).
A noter que certaines expositions sont accompagnées de conférences à la salle Molière, et que la première d'entre elles est donnée à l'occasion de l'exposition  de 1952 par Jeanne-Yves Blanc qui est à la fois la nièce de Jean Charles-Brun et la marraine de guerre d'Apollinaire.  Pour l'expo Dezeuze, le 15 mai 1953 ce sera Max Rouquette que l'Entente avait déjà rencontré le 15 mai 1949 à propos d'une éventuelle collaboration à la revue de l'Institut d'Estudis Occitans. Projet sans suite, mais les contacts étaient pris. 50 ans plus tard, Max sera nommé membre d'honneur.

LA TOUR DE LA BABOTE
 Nous avons vu le changement de recrutement entrainé par les nouvelles activités de l'Entente.
Le contenu des réunions, voire les buts mêmes de l'association sont aussi changés, non sans vague à l'âme de la part de certains sociétaires. C'est ce que note le registre à la date du 20 mars 1955 : "M. Braye fait remarquer qu'aux séances de l'E.B. il n'est pas souvent question de livres, éditions en cours ou rares, etc… comme cela paraitrait convenir au titre de la Société. Le secrétaire (H. Girou) rétorque qu'effectivement tel était le but de la société à son origine, mais que par la suite, mise dans l'obligation de prouver sa vitalité par des expositions historiques locales et régionales, elle avait été contrainte de modifier son programme".
Histoire des pénitents de Montpellier
Des fois à son corps défendant. Ainsi lisons-nous en octobre 1952 que Jean Baumel le secrétaire de mairie "met en demeure l'Entente d'organiser une nouvelle expo pour accompagner la foire de la Vigne et du vin, du 11 au 26 oct. 52."  
C'est que la municipalité a fait un cadeau royal, et entend bien être payée en retour. 
Le 28 janvier 1951, comme par hasard, un des membres suggère qu'on pourrait bien demander la Tour de la Babote pour l'Entente (il s'agit d'une des deux tours des fortifications de Montpellier encore debout). Comme par hasard, une rencontre a lieu quelques jours plus tard  avec Jean Baumel, membre d'honneur de l'Entente,  qui révèle que l'idée lui était déjà venue. L'affaire est officialisée en mars en conseil municipal.  Après travaux, on décide que l'installation coïncidera avec l'inauguration de l'exposition Montpellier sous le règne de Louis XIV le 17 mai 1952.
Pour l'occasion, un pin's (comment disait-on en 1952?) représentant, sur champ d'azur, un livre ouvert devant une Tour de la Babote d'or est édité à 100 exemplaires. Le port était obligatoire pour tous les membres, et se présenter sans à une réunion entrainait une (petite) amende.
La Babote devient l'emblème de l'Entente et sera désormais sur  tous les documents et papier à lettre.
Insigne de l'Entente bibliophile de Montpellier

DIRECTION DES RESSOURCES HUMAINES ET AUTRES
Mais deux choses manquent de manière endémique : le personnel et les finances.
Toutes ces expositions , c'est un vrai travail! Herman Girou, qui est avec Elise la cheville ouvrière de l'Entente, ne prendra sa retraite qu'en 1960. En attendant, c'est huile de coude et système D.
En 1954, après la création des membres sympathisants, on demande avec un brin d'amertume "aux quelques sociétaires dont l'activité de l'Entente bibliophile n'offre aucun intérêt pour eux de changer de catégorie pour laisser des places a de plus actifs. "
L'organisation est assez pragmatique. Lorsqu'un thème a été choisi, on fournit à chaque sociétaire "des listes d'hommes célèbres" , à charge pour eux de "se procurer en temps opportun des pièces authentiques afférentes à ces personnalités, voire même des pièces à conviction telles que sculptures, porcelaines d'époque, tableaux, objets divers pouvant intéresser le public" (22 avril 51) .
Lors des expositions, les sociétaires se font gardien jusqu'à fort tard puisqu'un "éclairage intensif permet de faire des nocturnes jusqu'à minuit",  et , à tour de rôle, gardien de nuit.
Parfois, la débrouille tourne au tour de force : En janvier 54, on rembourse au secrétaire les 500 F qu'il a remis "à titre de pourboire aux chômeurs qui ont monté les vitrines à la corde jusqu'au 1er étage de la Tour de la Babote par l'extérieur ."
L'argent est rare, on essaye donc d'avoir des fournitures peu chères ou gratuites. En nommant l'imprimeur Déhan membre sympathisant perpétuel on s'assure l'impression gratuite de plaquettes et catalogues. Les boissons des inaugurations sont souvent fournies par la ville ou des amis. Quand il faut les payer, les litanies du trésorier remplissent le registre des réunions.
Le soutien de la mairie va parfois à la limite du tripatouillage.  Ainsi, le prix annuel de 2000 F fondé par Marius Cairoche pour récompenser "la société la plus méritante au point de vue social de la ville de Montpellier" devient à partir de 1954 la chasse gardée de l'Entente. 
Soucvenir d'un émigré de Lozère : Icher-Villefort

PRESIDENT EDITEUR GENERAL
Et la vie continuerait ainsi si justement la mort du docteur Mons, le 4 septembre 1957 ne changeait tout.
Ignorant, pour la bonne cause, l'article 5 de ses statuts, l'Entente va chercher à l'extérieur un nouveau président.
Gaston Vidal, né en 1902 est avocat, scientifique, négociant, propriétaire viticulteur, apparenté aux "grandes familles". Il sera secrétaire perpétuel de l'Académie de Montpellier et bibliothécaire de la Société archéologique.  Elu en octobre, il est solennellement reçu le 10 novembre 1957.
Dès mars 1958, il soumet l'idée de publier des documents régionaux. Enthousiasme des membres. Battant le papier tant qu'il est chaud, on définit les tirages (350 exemplaires), le mode de diffusion par souscription et vente directe, la présentation, le logo de couverture. Tous ces choix resteront valables jusqu'à la dernière publication en 2003. Miracle de célérité, le premier volume est mis en vente au mois de novembre. Le second est aussitôt lancé. Et il faut la sagesse de Louis Escuret pour "limiter" à deux les parutions annuelles.
En fait, 18 volumes, seront publiés entre 1958 et 2003.
La construction de la place du Peyrou à Montpellier

On trouvera le catalogue des éditions à la fin de chaque publication, mais, sans entrer dans les détails, en voici la liste complète. Entre parenthèse, le nom du responsable de l'édition.
* Henri d'Aguesseau : Mémoire secret pour M. le duc de Roquelaure. (Gaston Vidal) 1958.
* L'Ombre d'Amarante, pièce… sur la Marquise de Ganges (Gaston Vidal), 1959.
*  J.-B. Fabre : Lettres à son neveu (Marcel Barral), 1960.
* Chevalier de Forton : Mémoires historiques (Gaston Vidal), 1961.
* Icher-Villefort : Les souvenirs d'émigration (Marcel Barral), 1975.
* J.-P. Thomas : … Montpellier pendant les Cent-Jours (Gaston Vidal), 1976.
*  P. Serres : Histoire du Calvinisme de la ville de Montpellier (Marcel Barral), 1977.
* J.-P. Thomas : Mémoire sur la place du Peyrou (Gaston Vidal), 1981.
* J. Roudil : Œuvres poétiques languedociennes (Marcel Barral), 1982.
* J. Roudil : Suite des œuvres poétiques (Marcel Barral), 1983.
* T. de Rosset : Les portraits des plus belles dames de la ville de Montpellier (Marcel Barral), 1985.
* La Selve : Les amours infortunées de Léandre et d'Héron (Jean-Claude Brunon), 1986.
* C. de Saint-Simon : Lettres à François Séguier et à Esprit Calvet (Xavier Azéma), 1987.
* Le Conte des fées du Mont des Pucelles (Marcel Barral), 1988.
*  Ballainvilliers : Mémoires sur le Languedoc (Michel Péronnet), 1989.
* J. Troubat : Lettres inédites à son père et à son frère (Marcel Barral), 1991.
* J.-B. Fabre : Correspondance et autres documents (Guy Barral), 2001.
* P. Serres : Histoire des pénitens de Montpellier (Jean Nougaret et Louis Secondy), 2003. 
Jacques Roudil, écrivain occitan et français du XVIIe siècle

Cette liste nous montre l'œuvre considérable de Marcel Barral au sein de l'Entente : 8 publications! Elle révèle aussi des périodes d'assoupissement :  1961-1975 et  1991-2001.  Si la première correspond en effet à une baisse de régime (il n'y a plus qu'une ou deux réunions annuelles de 1971 à 1973), la seconde marque le remplacement des éditions par la publication des 11 Cahiers de l'Entente bibliophile. Il s'agit de fascicules de 30 à 50 pages, format A4 qui publient non des textes originaux, mais des études thématiques. En voici la liste :
* Les expériences du comte de La Vaulx à Palavas (Yvon Courty).
* Le Carya Magalonensis (Marcel Barral).
Jetons et médailles des Etats généraux de Languedoc (Gérard Pinto).
* Les cinémas de Montpellier (René Gelly).
* La baronnie de Caravètes (Paul Couder).
* La halle aux colonnes (Yvon Courty).
* François Bosquet, l'intendant et l'évêque (Paul Couder).
* Le poète montpelliérain Jean-Antoine Roucher (Marcel Barral).
* Naissance de Pierre Grégoire et son baptême (Xavier Azéma).
* Les deux frères Boissier de Sauvages (Marcel Barral).
* L'Entente bibliophile de Montpellier (Jean-Claude Brunon).

Pour être juste, il faut aussi signaler quelques ratés dans les publications de l'Entente. Ainsi, 22 mai 1966,  "M. Clerc propose une biographie générale et locale des hommes qui se sont distingués dans tous les domaines à Montpellier" . La proposition étant restée sans écho, il la renouvelle le 11 mai 1970 sans plus de succès. Obstiné, notre libraire poursuivra seul la tâche (avec des collaborateurs épisodiques parmi lesquels on relève quand même dix membres de l'Entente), mais ce n'est que… quarante ans après, en décembre 2006 que sortent les 2 gros volumes de 1000 pages chacun du Dictionnaire de biographie héraultaise des origines à nos jours, autrement dit "Le Clerc". 
Correspondance de l'abbé Jean-Baptiste Fabre

Dans la même ligne, la proposition, le 4 avril 1979, des éditions Jeanne Laffitte de rééditer les souvenirs des frères Platter à Montpellier, avec une présentation de l'Entente bibliophile. Non seulement l'Entente refuse, mais elle répond qu'elle désapprouve cette  réédition! Jeanne Laffitte, puis Pierre Clerc encore republieront ce livre, mais sans préface ni appareil critique. Ah! si Emmanuel Le Roy Ladurie avait fait partie de l'Entente!
Quant à l'édition des Mémoires de Paul Vigné d'Octon, le projet, débattu périodiquement pendant une dizaine d'années, a découragé plusieurs éditeurs potentiels, la personnalité de l'auteur s'avérant en cours de fréquentation moins sympathique que prévue, et la fiabilité de ses souvenirs assez douteuse.
Enfin,  et il est difficile de ne pas voir là l'origine du grand désamour entre l'Entente et la municipalité à partir de 1979, le nouveau maire de Montpellier écrit à l'Entente en novembre 1978 pour lui suggérer d'éditer L'Histoire de la ville de Montpellier écrite en 1626 par Pierre Serres. Cet appel du pied est reçu avec des moues de pudeur indignée, et on décide de faire comme si de rien n'était et de ne pas répondre. A partir de là, Georges Frêche considèrera que l'Entente n'existe pas.

LOIN DE LA BABOTE, LOIN DES GENS
Ceci nous amène à la troisième époque de l'Entente. Les deux premières étaient séparées par le changement de président. C'est un changement de lieu qui définit la troisième.  
Le 21 mai 1980,  Gaston Vidal donne lecture d'une lettre du maire qui, "en termes courtois mais précis" l'informe que la Tour de la Babote étant destinée à la Société astronomique, nous devons déménager dans une salle du 4e étage de l'ancien Lycée, au dessus de la Bibliothèque municipale, boulevard Sarrail. Magnanime, la mairie assurera le déménagement. Des courriers aigre-doux sont échangés, mais aucune rencontre n'a lieu. Ces deux mondes ne se rencontrent plus, et se regardent réciproquement de très haut. Bon gré mal gré, l'Entente est rejetée dans la vieillotte bonne société montpelliéraine.
Sans un mot au compte rendu, la réunion du 19 novembre 1981 est la première à l'adresse de la rue Girard.
L'Entente ne s'en relèvera jamais vraiment. Finies les expositions qui avaient deux fonctions relationnelles. En amont, elle permettait de rencontrer les prêteurs, institutions, collectionneurs, érudits et familles historiques de la ville. En aval, le public répondait toujours aux appels de l'Entente et finissait par la connaître.
Fini le Musée du vieux Montpellier, projet en perpétuel devenir dans la Tour de la Babote, mais assez abouti pour que la bonne revue Montpellier, éditée par le Syndicat d'initiative, lui consacre deux articles en 1969-70 (n° 23 et 24).
Sous la plume de René Gelly, un catalogue de ce Musée nous fait découvrir les richesses des collections de l'Entente, accumulées au fil des dons et des achats commencés début des années 50. Certains objets sont encore là en 2011 et descendront d'un étage dans l'hôtel du 2 place Pétrarque pour rejoindre le Musée du vieux Montpellier. Le monde est petit et s'enroule parfois sur lui-même.
L'escalier  de la Tour (il y a six étages!) est semé de vestiges récupérés en novembre 1967 au cimetière désaffecté de l'Hôpital général (Saint-Charles). Il y a là des pierres tombales (général Claparède, Marie Dalinde de Portal, Pr Baumes, P.J. Roucher, Guignard de Saint-Priest…), une Vierge en marbre par Grimes, sculpteur de la première fontaine des Trois-Grâces. Où tout cela a-t-il été dispersé?
Dans la salle du 1er étage, des tableaux de Marsal qui eux sont toujours là, tout comme le portrait de Louis Escuret par Mlle Baumel.
Au dernier, quatre tableaux. Les portraits de Bonnier d'Alco par Etienne Loys  (don en 1964 du baron Anduze de Saint-Paul),  de l'abbé Jean-Baptiste Fabre, (celui étudié par Le Roy Ladurie dans L'argent, l'amour et la mort en pays d'Oc) sans doute par Coustou (don de la famille Blayac en 1964), et d'Ernest Briol, maire de Montpellier de 1904 à 1908 par Alfred Boisson (don de M. Francès, antiquaire). Le dernier, celui du professeur Thimothée Baumes n'est plus dans nos collections.
Des cartes et plans sur tous les murs, des gravures, sont encore accrochés chez nous.
Les deux boulets de canon (protestants) du siège de 1622 trouvés au bas de la Grand'rue en 1951 sont toujours sur notre cheminée, les trois épées de parade du conventionnel Joseph Cambon dans nos vitrines.
L'alambic ayant servi en 1801 à Edouard Adam a été donné au Musée de la pharmacie. Les 6 pistolets d'arçon ayant appartenu à Joseph Cambon ont été volés en 1979.  Le prie-Dieu de Gaston Vidal dont la marqueterie représente le Peyrou est aujourd'hui à la Société archéologique.
Mais où sont l'affiche de 1826 pour le cirque Franconi ou la maquette du trois-mâts Ville de Montpellier?
Confiés, faute de place, à la ville? Perdus dans les déménagements? Sans doute.
Car, et c'est le dernier épisode de l'histoire, il y eut un dernier déménagement. De ce dernier, je n'ai pas retrouvé la date dans nos registres. Il a eu lieu au début des années 90, et nous ramène 2 place Pétrarque, quelques étages au dessus de notre premier siège. L'Entente bibliophile disparaît sur les lieux où elle est née.
Entre temps, Gaston Vidal était mort en novembre 1989. L'infatigable Marcel Barral l'avait remplacé le 11 janvier 1990, et avait assuré la présidence jusqu'à sa mort le 30  novembre 1997. Le 23 janvier 1998, Jean-Claude Brunon lui succède jusqu'à sa démission le 11 février 2011. En janvier 2003, Jean Nougaret qui, en décembre 1982 avait remplacé Herman Girou au secrétariat (il y était resté presque un demi-siècle) est lui-même remplacé par Guy Barral qui signe le colophon de cette histoire et la dédie à la mémoire d'Herman Girou et de Pierre Clerc.
Les Cent-Jours à Montpellier

PS. Les archives de l'Entente sont déposées aux Archives municipales de Montpellier et ses collections au Musée du Vieux Montpellier.